Le Panier du Pêcheur : de Thau au resto

Patrice Breseghello est un terrien des confins du Tarn et de Haute-Garonne. Il a d’ailleurs labouré de nombreux terrains de rugby à XIII puis à XV. Mais, quand il venait en vacances, adolescent, à Balaruc ou à Mèze, ou chaque fois que son job de cadre de l’agroalimentaire le conduisait sur la route littorale du côté de Sète, les sirènes de la lagune de Thau lui soufflaient à l’oreille : « Regarde comme c’est beau ! Une vie ici, sur l’eau sage de l’étang, avec le mont Saint-Clair pour décor, avec les huîtres pour occuper ton esprit et nourrir tes amis… » Des années à entendre ce refrain lancinant. Tant et si bien qu’il a fini par céder. « Il y a un truc qui m’obsède dans la vie : ne pas subir les circonstances extérieures, raconte-t-il. Vous avez un job ; tout va bien pour vous et, tout à coup, paf ! Vous vous faîtes virer sans rien pouvoir y faire. Je me suis dit qu’en construisant moi-même une nouvelle vie, je maîtriserais mieux mon destin. »

En 2014, Patrice Breseghello rachète un mas ostréicole à Loupian, apprend le métier avec les familles voisines, se procure ses premiers naissains et commence à élever les huîtres du Mas. « Dans le coin, ça en a fait rigoler quelques-uns », se rappelle-t-il. Le néo-ostréiculteur, pourtant, est inspiré. Ses huîtres sont rares (trois tables qui produisent 17 tonnes), de qualité, belles, exondées, au goût appuyé. Les premières productions sont vendues en direct, à des restaurateurs, dans le Roussillon, à Toulouse, dans le Tarn.

Quelques années plus tard, le hasard placera la poissonnerie montpelliéraine Le Panier du Pêcheur sur la tournée des amitiés du néo-ostréiculteur. Ce commerce propose aussi un service de restauration à midi. Patrice Breseghello hésite. La poissonnerie, OK ; mais la restauration, c’est un métier. Et du boulot. Mais c’est plus fort que lui : il cèdera une fois encore.

Depuis 2019, épaulé par deux poissonniers et une serveuse, l’ostréiculteur est à la tête du Panier du Pêcheur. La poissonnerie est ouverte du mercredi au samedi. Elle propose les huîtres du Mas, bien sûr, mais également des Utha Beach de Normandie, des fines de claire d’Oléron, des Gillardeau, les petits coquillages (palourdes, praires, amandes, escargots poivre, moules…), des crustacés (crevettes, langouste, homard, tourteau…). Le restaurant sert une quarantaine de couverts, uniquement à midi, du lundi au vendredi. On y déguste des recettes simples mais d’une fraîcheur exemplaire de poisson sauvage, essentiellement des pêches locales et quelques poissons de mareyeurs pour compléter l’offre : saint-pierre, turbo, sole, lotte, saumon, daurade, espadon, cabillaud, sar, merlan, seiche… selon arrivages. Planchas, ceviche, salades, soupes, brandade, rillettes.

Depuis sa reconversion, Patrice Breseghello a essuyé quelques grains sévères : crise ostréicole, malaïgue, eaux vertes, Covid. Aucun regret ; il tient bon parce que son cap est clair, facile à repérer : trois tables alignées dans la lagune et, dans le prolongement, le mont Saint-Clair.

Le panier du pêcheur, 250, avenue de la Pompignane, 34000 Montpellier

04 67 81 01 01