Pomme du Tarn et Garonne : l’irrésistible tentation

Alors que le verger français s’étiole lentement mais sûrement (les surfaces ont été réduites de 20% au cours des dernières années), le département du Tarn-et-Garonne résiste et maintient son activité arboricole à un niveau élevé. Le plus haut niveau : le département est, avec 250 000 tonnes, le premier producteur français de pommes.

Des pommes de toutes les couleurs. Des Gala, des Golden, des Granny Smith, des Fuji, des Pink Lady, des Reinettes, des Chantecler… Aujourd’hui, le verger tarn-et-garonnais élève une douzaine de variétés (contre 3 au début des années 2000). Il produit aussi des fruits de qualité, grâce à la nature de son sol et à la clémence de son climat, grâce, aussi, au renouvellement permanent des arbres, les pommiers jeunes donnant de meilleurs fruits que les spécimens vieux. Le Tarn-et-Garonne produit aussi des pommes propres. Depuis plusieurs années, déjà, les arboriculteurs de la région ont adopté des méthodes de travail alternatives permettant de réduire l’utilisation des traitements phytosanitaires : choix de variétés naturellement résistantes, diffusion de phéromones pour capturer les insectes dont le ver s’installe dans le fruit… Depuis 4 ou 5 ans, aussi, se multiplient les parcelles de verger cultivées en bio. La plupart des exploitations suivent un cahier des charges garantissant le respect de l’environnement et un bon nombre bénéficient également de certifications telles que Global G.A.P. (nécessaire à l’exportation) ou HVE (Haute valeur environnementale).

L’arboriculture couvre un peu plus de 10 000 hectares de la surface du département, dont 5 000 hectares de pommiers, essentiellement cultivés dans les secteurs de Montauban et de Moissac, dans les vallées de la Garonne, du Tarn et de l’Aveyron ainsi que sur certains coteaux. On compte environ 800 exploitations arboricoles, dont les plus grandes dépassent 200 hectares de vergers. Une grande partie des surfaces est irriguée, protégée contre la grêle et contre le gel. Ainsi, les sautes d’humeur de la météo du printemps dernier n’ont pas trop affecté la production, sauvée aussi par une deuxième vague de floraison après le gel. La perte est aujourd’hui estimée à 20-25%.

Paradoxalement, ce n’est pas le département, pas plus que la région, qui consomme les pommes tarn-et-garonnaises. La production locale est en effet commercialisée dans tout le reste de la France mais aussi et surtout à l’étranger. Les deux tiers des pommes sont expédiés dans les pays d’Europe du Nord et en Asie du Sud-Est. Pour ce faire, l’arboriculture tarn-et-garonnaise a constitué toute une filière qui regroupe aujourd’hui les producteurs, des unités de conditionnement, des fabricants d’emballages et de matériel, des structures de commercialisation (Blue Whale, la plus importante, regroupe 300 arboriculteurs de 5 terroirs français).

Au jardin du Tarn-et-Garonne, la pomme est reine. Et on peut en croquer sans crainte de se voir chassé de cet Eden d’Occitanie.