Vous prendrez bien un p’tit ver ?

Pionnier des insectes comestibles, la startup toulousaine Micronutris ambitionne de mettre le ver de farine et le grillon au menu des européens (bêtes et hommes).

Ah, la table d’Occitanie ! Son cassoulet, son aligot, ses tielles, sa garbure, sa brandade, ses rousquilles, ses viandes, ses fromages, ses vins ! Et ses vers… Car il faut dès à présent ajouter à la carte de la région de nouvelles spécialités : le tenebrio molitor (ver de farine) et le grillon sigillatus. La startup toulousaine Micronutris y travaille avec obstination depuis dix ans. En février 2020, au terme d’une bataille juridique, l’entreprise créée par Cédric Auriol avait obtenu du Conseil d’Etat l’autorisation de commercialiser ses insectes comestibles. Il y a quelques semaines, une autre bonne nouvelle est arrivée pour ce pionnier européen de l’entomophagie : l’EFSA, le gendarme européen de la sécurité alimentaire, a donné un avis favorable aux insectes dans les assiettes des humains.

Il y a déjà plusieurs années que la startup propose aux amateurs une gamme de produits élaborés à partir des vers de farine et des grillons élevés dans sa ferme entomologique (bio) de Saint-Orens : insectes nature pour l’apéritif, crackers, chocolat, barres énergétiques, pâtes, disponibles en ligne et dans un réseau de magasins bio.

Les insectes peuvent être consommés seuls ou incorporés à des préparations culinaires. Déshydratées, ces petites bébêtes présentent un aspect tout à fait convenable. La grande industrie, tous les jours, nous sert des ratas bien moins ragoûtants. Le goût du ténébrion évoque vaguement celui d’une noisette beurrée ; le grillon tend plutôt vers la graine torréfiée. Leurs gouts sont discrets et il ne faut pas compter sur eux pour donner à un plat une saveur puissante et remarquable. Leurs principaux intérêts résident dans leur croustillant et dans les conversations que leur présence fait naître à l’apéritif entre potes.

Quoique. Le jugement est un peu lapidaire, voire injuste. Car, si l’on en croit les entrepreneurs et les investisseurs de la biotech, l’entomophagie pourrait bien, un jour lointain, sauver la planète et l’humanité. Les insectes, en effet, sont une source importante de protéines, vitamine B, oméga-3, fer, fibre et calcium. De plus, ils s’élèvent facilement, n’ont pas besoin de beaucoup de place, ne broutent pas, ne pètent pas du méthane, ne mordent ni ne piquent, ne boivent que très peu d’eau, sont nourris d’épluchures de légumes bio, ne produisent pratiquement pas de déchets et leur élevage ne consomme que peu d’énergie. Des colocs parfaits !

C’est tellement vrai que Micronutris, et surtout sa petite sœur Agronutris, sont en train de prendre une nouvelle dimension industrielle et européenne. Agronutris s’apprête en effet à créer dans les Ardennes et au Nord de Paris deux grandes fermes où seront élevées et transformées des dizaines de milliers de tonnes d’insectes, destinés en premier lieu à l’alimentation animale (essentiellement la pisciculture) mais également, à terme, à l’alimentation humaine (avec de grands espoirs placés dans la nutrition sportive).

Photo ©Agronutris

 

www.micronutris.com